Premier septembre 1944 ! Depuis quelques jours les boches qui avaient formé jadis l'orgueilleuse Wermacht, traversent Loudun en fuyards, beaucoup sont à bicyclettes, d'autres à bord des voitures les plus disparates, passent l'arme à la main prêts à tirer. Ils ne sont pas tranquilles, partout ils sont harcelés, les groupes isolés sont détruits, ce travail est l'oeuvre des Maquis.
Ce sont ces Maquis qui par ce harcelement continuel ont réussi à semer la panique dans ces troupes qui eurent si longtemps la réputation d'être invincibles. Ce sont ces braves petits Français, qui se sont réunis volontairement, avec pour mot d'ordre, la haine du boche, qui avec des armes souvent insuffisantes, où dont ils n'ont qu'une maigre expérience, ont réussi ce tour de force. Ils ont réussi à terroriser les S.S. terreurs du Monde Civilisé. Au cours de cette journée du 1er septembre de nombreux prisonniers ont été faits, on sait que la Région est en grande partie nettoyée, le soir vers 20 heures, la première voiture F.F.I. fait son entrée dans la Ville, suivie de la majeure partie du groupe de Scévolles, le Commandant César est là, au milieu de ses troupes ; j'ai eu l'honneur et la joie de l'accueillir. C'est un homme courageux, audacieux, je n'oublierai jamais qu'il fut le libérateur de la ville de Loudun. je l'en ai remercié en votre nom, je l'en remercie à nouveau aujourd'hui.
Instantanément la Ville prend un air de Fête, les drapeaux surgissent de partout, la foule grossit à vue d'oeil devant l'Hôtel de Ville, où une vibrante Marseillaise est chantée à pleins poumons.
Loudun était libéré. Cette libération attendue depuis des années, nous la tenions enfin!....Hélas beaucoup de ceux qui l'avaient désirée, et qui avaient travailler à la préparer, n'étaient plus là.
Combien de Résistants manquaient à l'appel emmenés dans les geôles allemandes, où ils mouraient les uns après les autres.
Combien aussi de nos F.F.I. étaient disparus au cours d'opérations armées contre l'ennemi. Ce sont ceux-là en particulier que nous voulons honorer aujourd'hui, ces enfants de Loudun ou de la Région, qui sans hésiter ont apporté à la Mère Patrie le concours de leurs bras, et le rempart de leur poitrine. Ces jeunes hommes, et même ces vieux, qui ont tout abandonné pour se grouper, afin de travailler pour que la France vive. Pour que les générations à venir soient libres, pour que la République qui déjà avait vaincu en 14-18 soit à nouveau victorieuse en 1944. Que serait-il advenu si les Maquis n'avaient pas existé? Peut-être les Alliés auraient-ils été rejetés à la mer ! Peut-être un désastre se serait-il produit ! Désastre qui eut amené le découragement. Alors c'en était fait de notre vieille civilisation. C'était le triomphe du nazisme avec toutes les horreurs qui l'accompagnent, c'était à jamais l'esclavage pour la France, c'était la botte allemande définitivement appuyée sur l'Europe.
Les Maquis ont préparé la route aux Alliés, ils ont semé la panique dans les troupes allemandes, facilitant ainsi la tâche aux unités motorisées qui venaient ensuite parachever la défaite ennemie.
Nous devons rendre hommage à tous les FFI qui sont tombés, aux 21 du Maquis de Scévolles à la mémoire desquels nous inaugurons aujourd'hui une stèle. Nous leurs devons beaucoup, ils ont tout donné pour nous, soyons dignes d'eux, soyons dignes de leur Victoire, ils sont morts pour que la France reste la France ; nous qui avons échappé à la mort, nous devons maintenant faire que la France soit grande. Elle le peut, elle le doit, nous devons être les artisans de sa grandeur ; nous la ferons grande en nous serrant les coudes, en nous aimant, tous les Français quel que soit leur parti, sont dignes d'être aimés. Nous devons travailler la main dans la main, pour une même cause : La France. Ce qui nous reste à faire est moins dangereux que ce qui a été fait.C'est le plus facile. Montrons-nous dignes de nos morts, et si de leur tombe ils peuvent nous voir, ne leur donnons pas l'impression que nous ne sommes pas dignes de prendre le flambeau qu'ils nous ont légué.
Saluons bien bas, les 21 Maquisards en l'honneur desquels nous inaugurons cette stèle, tous ont été des braves, qui n'avaient pas une âme d'esclave. Ce monument rappellera aux générations futures quelle fut l'attitude et le courage de leurs aînés en 1944. Il ne faut pas que les noms de ces 21 héros soient oubliés, ils doivent passer à la postérité ; grâce à leurs camarades qui ont élevé la stèle que nous inaugurons, l'oubli ne pourra pas se faire sur eux.
Vive la France. Vive la République.