LOUDUN - Stèle 1939-1945 Déportés -Fusillés - STO
Liste des Déportés, fusillés
pendant la guerre 1939-1945

AUDRIN Paul (*)    Page 
BEDIN Félix    Page
CHARBONNEAU Auguste  Page
HUCTIN Léopold   Page
LANDAIS Kléber   Page
MANSEAU Robert  Page
PRINCÉ Philippe   Page
RICHARD Marcel (*)  Page
SALOU Jean (*)   Page
TRYER Victor (*)  Page
VÉNIERS Émilien   Page

GRÉAU Eugène (* Monument de Niort)   Page 
MICHON Pierre (* Monument de Ferrière-Lançon)   Page 
 
Liste des Déportés S.T.O.
pendant la guerre 1939-1945
 
LANDAIS Guy  Page
MARTIN Joseph  Page
VINCENT Raymond  Page
BERTHONNEAU Clément (*)  Page
 
(*) ne figure pas sur la stèle des Déportés, fusillés
 de la guerre 1939-1945

Circonscription Loudun- Mirebeau

Aguillon Maurice   Page
Ancien de la guerre 14-18 - Député de La Vienne (Loudun-Mirebeau)
Résistant - Mort en déportation
     Dimanche 24 juin 1946, deux émouvantes cérémonies se déroulèrent, l'une à l'Hôtel de Ville, l'autre au monument aux morts. Trois stèles sont élevées devant ce monument : l'une au centre pour les treize morts de 1939-40, l'autre, à gauche, pour les vingt et un maquisards (qui fut inaugurée précédemment) et enfin l'autre, à droite, pour les cinq déportés patriotes fusillés et les trois S.T.O. 
  
       M. Decourt, prisonnier et mutilé, s'avance et retire le drap tricolore. La clique sonne "Aux Morts". 
  
M. le Préfet dépose une gerbe, puis M. le Maire et ensuite les représentants des Perses organisations. Une minute de silence est observée. Puis l'Harmonie joue la "Marseillaise". 
  
MM. Mannet et Trémeaud prononcent chacun une allocution. 
  
M. Mannet déclara notamment : 
  
           "Souhaitons que l'humanité ne revoie jamais la guerre, que les deux grandes guerres ne soient jamais surpassées par une plus grande. Souhaitons de ne plus voir les yeux des mamans rougis par les larmes, les nuits d'inquiétude et d'insomnie. 
  
           Pourquoi faut-il que l'ambition et l'orgueil de quelques-uns mènent constamment les peuples vers la guerre ? Nous admirons les grands hommes, les savants, les inventeurs, celui qui les surpassera tous, sera l'homme qui réussira à unir l'humanité dans un immense idéal de paix. 
  
          Nous avons gravé dans le marbre les noms des Loudunais auxquels nous devons tant : l'oubli est une chose humaine, il nous permet de surmonter les pires misères, la nature a fait preuve de bonté à notre égard en créant l'oubli. Mais si c'est un bien-fait d'oublier nos misères, c'est un crime de perdre le souvenir de ceux qui parmi nous furent les plus grands et les meilleurs. 
  
         C'est pourquoi nous demandons à la pierre de nous aider à lutter contre cette faiblesse humaine. 
  
         Lorsqu'au hasard de nos promenades, ou de notre travail, nous passons devant ce monument ayons une pensée pour ceux dont les noms resteront à la postérité, ces jeunes pleins de santé, auxquels la vie souriait qui sont tombés bravement face à l'ennemi. 
  
         Depuis des siècles, les Français ont été à l'avant-garde des grands peuples, cette place enviable a paru devoir leur échapper au cours des dernières années ; une nation capable dans une ville de quelques milliers d'habitants d'aligner des listes de héros comme celles qui entourent ce monument ne saurait rétrograder ; les vivants sauront se montrer dignes des morts, ils sauront maintenir le flambeau qui leur a été légué, ils sauront comme leurs ancêtres émerveiller le monde." 
  
Discours de Monsieur le Préfet de la Vienne à la Cérémonie inaugurale des plaques commémoratives des morts de Loudun 
  
                    Monsieur le Maire, 
                    Mesdames, 
                    Messieurs, 
  
                    C'est une noble initiative qui nous réunit aujourd'hui dans cette chère cité de Loudun où j'ai eu le plaisir de venir, il y a un mois à peine, à l'occasion de la remise des décorations aux héros du Maquis de Scévolles. 
                     Nous voici d'emblée placés dans ce même ordre, et propice au recueillement, où nous avons célébré la mémoire des jeunes patriotes qui, naguère, au cours de l'année 44, ont trouvé non loin d'ici une mort héroïque, en réalisant spontanément l'inspiration résistante que leur dictait leur sens élevé de l'honneur. 
                     Mais les combats de la Libération n'étaient, dans le temps, que le dernier acte d'une longue tragédie dans laquelle la France a sacrifié plusieurs millions des siens. 
                     Entre le combattant glorieux de 1914-1918 et l'humble sacrifice du combattant de 1939-1940, entre la mort du soldat frappé sur le champ de bataille et l'agonie émouvante du fils de chez nous, sorti de sa demeure familiale pour mourir dans la forêt voisine, la Patrie ne choisit pas.. Leur  sang a coulé sur le même sol et leurs cendres se mêlent à la même terre. Ils ont servi un même idéal. Ils ont droit au même culte, ce culte qu'avant de tomber parmi les 1er, 
                             Péguy demandait qu'on leur rendit : 
  
                    Nous nous souviendrons de ces morts sans mémoire. 
                    Nous compterons ces morts comme on les a comptés. 
                    Ceux qui pèsent si lourd au fléau de l'Histoire. 
                   S'étonneront demain d'être trouvés si légers. 
  
                    Par l'inauguration de plaques communes aux combattants des deux guerres, vous avez voulu marquer, Monsieur le Maire, d'une façon vraiment concrète, cette solidarité dans le sacrifice suprême, devant lequel s'efface toute considération de temps, de lieux et de circonstances. 
                     Nous sommes une nation enviée depuis toujours et dont les fils, depuis Bouvines jusqu'à Valmy, jusqu'à la Marne, jusqu'à Verdun, jusqu'à Dunkerque et jusqu'à la bataille de France, n'ont cessé de se sacrifier pour la défense de ses frontières et de celle, de la civilisation. 
                      La France a rayonné par eux d'un éclat sans égal, comme elle rayonne partout où ses armées et son génie universel ont porté victorieuses dans les batailles libératrices ou triomphantes dans l'apostolat, les couleurs de son drapeau. 
                      Dans cette cité, toute empreinte du passé, forteresse avancée de l'Anjou, si attachée aux traditions et si généreuse par nature et par atavisme, nous sommes venus une fois de plus honorer tous les enfants de Loudun sans distinction, qui ont bravé la mort en face et qui ont, par là, honoré la Cité et le Pays. 
                      Dans un discours qu'il prononçait à Metz, le 15 août 1911, Maurice Barrès, rappelant le mot de Goethe : "Allons ! par-dessus les tombeaux, en avant !" ajoutait : " La France est célèbre pour avoir eu, mieux qu'aucune autre nation, le culte des morts. Quand nous allons auprès d'eux comme aujourd'hui par troupes fidèles, c'est pour recueillir leur esprit. Avec nos souvenirs, nous formons des espérances, et de nos morts dans leurs linceuls, pareils à des chrysalides, mille sentiments ailés s'envolent..." 
                     Que ces sentiments, qui ont porté si haut, pendant les deux guerres et l'occupation, jusque derrière les barbelés des stalags, dans les camps tragiquement célèbres, au coeur de la Résistance et de l'armée de la Libération, le moral de nos patriotes, que ces sentiments soient, pour notre vie, nos inspirateurs et nos guides. 
                     Que l'union indissoluble qu'ils ont scellée entre ceux qui sont morts reste à jamais, pour les vivants, le signe de ralliement. 
                      L'union qui nous trouva tous debout, la main dans la main, à l'heure du danger, quand la liberté et l'intégrité de la Patrie étaient en cause, qui nous rapprocha à chaque fois qu'il s'est agi de défendre une cause juste, qui nous rassemble enfin pour l'hommage reconnaissant à rendre à nos frères disparus, pourquoi ne la verrions nous pas demeurer aussi complète et aussi efficiente à l'heure où la France doit relever ses ruines et où le monde attend d'elle - c'est son insigne honneur - de participer, à l'établissement d'une paix vraiment humaine et à la réalisation du bonheur des peuples. 
                        La liberté reconquise nous impose un impérieux devoir. L'Europe mutilée ne pourra revivre que dans une atmosphère, d'ordre, de travail, de confiance. Je garde la conviction que, formulé en ces lieux, devant l'évocation de tant de Loudunais dont le souvenir demeurera impérissable, ce souhait sera entendu jusque dans les foyers les plus reculés de nos campagnes. 
  
                        Une fois encore la France aura montré au Monde la voie à suivre, celle que nos morts nous ont tracée.
 M. Trémeaud préfet de la Vienne
Photo Pierre Decosse
 Anciens déportés