GRÉAU Eugène

GRÉAU Eugène
Nieul-le-Dolent 29 Mai 1904 - Sonnenbourg 20 Décembre 1943
Arrêté pour la détention illégale d'armes.
Déporté sous l'identité GREAUX Eugène depuis Paris (convoi de 10 prisonniers) le 19/11/1942 sous protocole Nacht und Nebel, interné à la prison de Trier (Trêves Fr.) où il passe en jugement, envoyé en détention au bagne de Sonnenburg.
Extrait Mémorial Genweb
GREAUX Eugène est dans le transport parti le 19 novembre 1942 de Paris, gare de l’Est, et arrive a Hinzert le 20 novembre 1942 . 
C’est selon un rythme hebdomadaire que les transports «NN» en direction du SS-Sonderlager Hinzert sont organisés au cours du mois de novembre 1942. 
Ce transport est le troisième du mois de novembre, part le jeudi 19.Les détenus sont placés dans des wagons de troisièe classe, dont 
les compartiments sont aménagés en cellules aux fenêtres grillagées.
Prenant la destination de Berlin, le train fait une halte a` la gare de Trèves, ou` les déportés descendent et attendent un autre train en direction du village de Reinsfeld, gare la plus proche du camp spécial d’Hinzert. Le trajet entre la gare et le camp se fait a` pied.
L’effectif indiqué pour ce transport est de dix personnes mais il est certainement bien en dessous de la réalite´ , puisque 
l’écart entre les matricules extrêmes connus révèle au moins 26 numéros, et que la moyenne quantitative des transports est nettement supérieure a` 10 personnes.
Les seuls motifs connus pour ces 10 personnes concernent la detention illégale d’armes de chasse ou de guerre. Aucun résistant identifie´ comme tel ou groupe de résistants n’est mentionne´ dans l’effectif connu.
GREAUX Eugène sera jugé en Allemagne par le tribunal de Cologne ou celui de Breslau ( je ne sais pas lequel) et effectuera sa peine à la prison de Sonnenburg où il est déclaré décédé.
(EXTRAIT DU LIVRE MEMORIAL DE LA FONDATION POUR LA MEMOIRE DE LA DEPORTATION TOME 1 P 546 )
Documents : Jacques Sergent
Une rue de Niort porte son nom.
Livre Eugène Gréau cet inconnu célèbre‏ - Champion cycliste et Résistant - 29 Mai 1904 - 20 Décembre 1943
(Fabien CHARREL - Claude GREAU)
Eugène GREAU, héros du Tour de France, martyr de la Résistance 
Nueil-le-Dolent (Vendée) 29 mai 1904 -Sonnenburg (Allemagne), devenue Slonsk (Pologne) 20 décembre 1943 
 
Aucune rue de Loudun ne porte son nom. C'est pourtant ici qu'Eugène Gréau, champion cycliste, a forgé une partie de sa légende. En 1929, après avoir quitté sa Vendée natale pour installer un magasin de cycles au n°19 de la rue Théophraste-Renaudot, à l'emplacement de l'actuel parking, il prend le départ du Tour de France. Catégorie « Touristes-routiers ». C'est à dire coureur indépendant, sans équipe, assurant seul toute sa logistique ! Certains doutent. Lui y croit dur comme fer. Ce n'est pas un débutant. A La Chapelle-Saint-Laurent, où il vivait auprès de ses parents aubergistes-barbiers-répérateurs de machines à coudre et de vélos, il s'était forgé un sacré palmarès. Chez les amateurs, il a emporté 27 victoires dont Tours-Châtellerault (1921), Châtellerault-Poitiers-Châtellerault (1923), le Circuit de Saumur, le circuit Poitou-Touraine (1925) et obtenu une très belle 2e place dans le redouté Poitiers-Saumur-Poitiers de 1923, qui traversait Loudun. Mais c'est sa 7e place du Paris-Angers 1925, où il dame le pion à certains des meilleurs pros de l'époque, qui le fait remarquer. Il rejoint alors l'équipe JB Louvet-Wolber avec laquelle il prend le départ des Tours de France 1926 et 1927. Mais la malchance s'acharne : il est contraint d'abandonner précocement l'épreuve (2e et 4e étape). En 1926, il s'était pourtant affirmé comme un très solide rouleur, terminant 2e de Paris-Lille, 4e de Paris-Angers et, surtout, 9e de Paris-Roubaix, qu'il court déjà avec les « isolés ». A l'époque, cette performance est saluée comme un exploit. Malgré une très belle saison 1928 sous le maillot de la formation Dilecta-Wolber (14 victoires), il se retrouve sans contrat avant le Tour de France 1929 qu'il décide, donc, de courir par ses propres moyens. Fasciné par autant d'audace, La Gazette de Loudun lui demande de tenir le journal de bord de son aventure, publié au fil de l'épreuve dans les colonnes de l'hebdomadaire. Une initiative peu courante à l'époque, qui émerveille les lecteurs dont certains lanceront une souscription pour l'aider à faire face à ses dépenses. Ils ne le regretteront pas : l'« Ugène », comme on le surnomme, prend la 47e place à Paris après 22 étapes et 5.286 km. A Loudun, on l'accueille comme un héros. C'en est un. Mais des revers commerciaux (la crise de 29 se fait sentir) et quelques déboires familiaux (le coureur du Tour de France, par ailleurs marié et bientôt père de cinq enfants, court aussi les tours de taille...) le conduisent à déménager. Il quitte Loudun et, peu à peu, abandonne le vélo. Il entre dans les chemins de fer, s'installe à Chartes (1931), Ivry-La-Bataille (1933), Le Chapus (1934), près de Royan, puis Niort (1937). Entre-temps, révolté par la condition ouvrière, il rejoint la CGT et le Parti communiste où il milite avec la pugnacité et l'endurance qu'on lui connaît. Son engagement, mal vu par ses supérieurs, est signalé dans les registres du personnel. Dès le début de l'Occupation, il rejoint les premiers groupes communistes qui tentent plusieurs actions et devient membre de triangle de direction du PC clandestin dans les Deux-Sèvres en juin 1941. Dans la nuit du 13 au 14 décembre de cette année-là, une guérite de raccordement de câbles PTT est sabotée à Niort, ce qui provoque l'interruption des communications téléphoniques allemandes. On enquête. Six arrestations sont effectuées par la police française parmi les militants communistes. Eugène Gréau est interpellé le 21 décembre, chez lui, à Souché, aux portes de Niort. Il sera détenu à la Santé, puis à Fresnes, pendant de longs mois, avant d'être remis aux Allemands. Il est condamné à mort mais sa peine est finalement commuée à dix puis vingt ans de réclusion. Le 19 novembre 1942, Eugène Gréau quitte Paris par la gare de l'Est. Il est déporté en Allemagne sous protocole Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard. Celui qu'on réserve à ceux qui doivent disparaître. En février 1943, il est dirigé vers le camp de Sonnenburg (aujourd'hui Slonsk, en Pologne). Il est fatigué, amaigri. Il tousse beaucoup. Il est sans doute atteint de tuberculose. Il meurt le 20 décembre 1943. Aucun document ne permet de localiser sa sépulture. A ce jour, deux rues seulement célèbrent la mémoire de ce héros oublié : l'une à Nieul-le-Dolent, où il est né, l'autre à Souché, près de Niort, où il a vécu.

Michel DALLONI