Le Dimanche 30 Mars 1924, inauguration de la plaque en marbre
L'Association des Anciens Élèves du Collège de Loudun, fondée en Janvier 1923, a jugé que son premier devoir était de rendre hommage aux camarades morts pour la France et de les donner en exemple aux jeunes élèves de l'établissement.
Dimanche dernier, 30 Mars, à 14 heures, a eu lieu, dans la cour du Collège l'inauguration de la plaque commémorative érigée à cet effet. Elle se dresse maintenant sous le porche d'entrée et rappelle constamment aux écoliers le noble sacrifice accompli par ceux de leurs aînés qui ont donné leur vie pour défendre la Patrie.
M. Léon Pineau, l'éminent Recteur de l'Académie de Poitiers, avait bien voulu nous faire le très grand honneur de venir présider la cérémonie et nous ne saurions trop le remercier de ce témoignage de sa haute bienveillance.
M. Aymard, le distingué Président de l'Association, prit le premier la parole. Dans un langage élevé, émouvant et chaleureux, il remit la plaque à M. le Principal qui, en termes émus et choisis, accepta le précieux dépôt confié à sa garde, remercia et promit qu'il saurait apprendre aux élèves du Collège à s'en montrer dignes.Il lut ensuite devant un public debout, la liste des héros dont on fêtait le souvenir. A l'appel de chaque nom, les grands élèves répondaient la grave et magnifique formule " Mort pour la France".
Puis sous l'habile direction du toujours très dévoué M. Proust, les petits collégiens chantèrent l'Hymne au Morts, de Victor Hugo avec accompagnement. Le piano était tenu par Mme Proust, à qui nous adressons nos plus vifs remerciements.
C'est alors que M. le Recteur admirable président, prononça son discours. De sa personne et de ses paroles se dégageait une impression de franchise, de loyauté et d'énergie qui se communiquait à toute l'assistance. Nous lui sommes très reconnaissants de nous avoir avertis, remués, galvanisés par ses accents virils ; de nous avoir dit que l'oisif, surtout depuis la guerre était coupable ; et qu'il fallait travailler, chacun dans sa sphère, à rendre la France plus forte, militairement, économiquement, moralement ; que c'était là la condition essentielle de la paix et de la sécurité que nous souhaitons tous si ardemment ; et la seule manière d'être dignes de nos morts.
Je pense que mes petits amis qui écoutaient si attentivement, tête nue, sans se soucier du vent, face aux tribunes, se souviendront toujours de cette leçon. M. le Recteur termina en invitant les élèves à se lever et à consacrer une minute de silencieux recueillement à la mémoire de leurs héroïques aînés. M. le Recteur, en partant, a manifesté à tous sa satisfaction et n'a pas caché le plaisir que lui causait l'excellente tenue des élèves ; et n'oublions pas nous aussi, de les complimenter d'avoir apporté leur concours à cette fête sévère : une vingtaine avait formé, depuis environ quinze jours, une musique qui joua la Marseillaise et un air de circonstance d'une façon parfaite.
A l'issue de la cérémonie, le nombreux public se retira dans un calme impressionnant, encore tout imprégné des belles et nobles paroles qu'il venait d'applaudir.