Centenaire 14-18 - Panthéon - Arc de Triomphe

Le Panthéon le 14 Novembre 2018
Le jeune saint-cyrien Jean Allard-Méeus, qui pour défendre la France, rejoint l'École Militaire de Saint-Cyr en 1912. Jeune soldat originaire de Loudun, imprégngé de l'esprit de revanche, il écrit un recueil de poèmes tout à fait révélateur de sa jeunesse et de ses ambitions, je cite 'R^ves d'amour, rêves de gloire'. 
Le poème que nous allons maintenant écouter en est la vibrante et la touchante illustration. 'Gardez votre pays' écrit-il à l'adresse des prussiens, 'Nous y serons demain !'. 
L'écrivain combattant fait malheureusement partie des toutes premières victimes de la guerre, il est tué le 22 août 1914, troois semaines après la déclaration de guerre, âgé seulement de 23 ans. 
Ce sont Claython Angrand et Médéric Gillier, élèves de terminale au Lycée Guy Chauvet de Loudun, accompagnés d'une jeune saint-cyrienne Emma Zimmermann qui vont nous lire le poème intitulé 'Demain !'. 
Sachez, avant que je leur laisse la parole, que ces jeunes sont venus exprès du département de la Vienne pour rendre hommage à ce soldat de chez eux, et nous ne pouvons que les remercier d'entretenir ainsi ce beau devoir de mémoire, qu'ils vont d'ailleurs prolonger en se rendant tout à l'heure au Ravivage de la Flamme sous l'Arc de Triomphe.
Présentation : Sophie Hasquenoph
DEMAIN ! 
 
Quarante ans sont passés, leur drapeau flotte encore 
Sur nos forts et nos tours, et chaque jour l’aurore 
Se levant sur le Rhin, 
Comme pour l’embraser, sur la terre endormie 
Jette un reflet de feu, sur la rive ennemie 
Jette un reflet d’airain! 
 
Quarante ans sont passés, amis, la coupe est pleine ! 
Entendez-vous ces cris qui montent de la plaine : 
Courage ! malgré tout !... 
C’est la voix des vaincus, dans l’ombre et le mystère 
Héros obscurs couchés pour toujours sous la terre, 
Et nous criant : debout… 
 
Entendez-vous ces voix lus faibles, mais plus douces, 
Voix de mil huit cent six, dont les échos nous poussent 
A nous venger… là bas ! 
Ce sont les chants guerriers des vainqueurs de l’histoire, 
Vétérans de l’Empire, amis de la victoire, 
Nous contant leurs combats. 
 
Les premiers à nos cœurs reprochent l’indolence 
Et l’oubli de l’affront, cette antique vaillance 
Qui nous allait si bien ;  
Les autres, les vainqueurs, nous chantent l’espérance, 
Et nous disent comment jadis, l’Aigle de France 
A tué l’oiseau prussien. 
[…] 
 
Soldats de notre illustre race, 
Dormez, vos souvenirs sont beaux ! 
Le temps n’efface pas la trace 
Des noms fameux sur les tombeaux ; 
Dormez, par-delà la frontière 
Vous dormirez bientôt chez nous ; 
 
Notre vaillance reste entière, 
Et sur vos tombes, à genoux, 
Nous viendrons déposer nos armes, 
Vengés de nos anciens malheurs, 
Les arrosant avec nos larmes, 
Nous y ferons fleurir nos fleurs ! 
 
[…] 
Vous nous avez volé l’Alsace et la Lorraine, 
Vous n’arracherez pas ce sentiment humain 
Germé de notre cœur, et qu’on nomme la haine, 
Gardez votre pays… nous y serons demain !
Tout à l'heure nous évoquions Jean Allard-Méeus, saint-cyrien originaire de Loudun, à présent c'est un autre écrivain combattant, originaire de cette même ville dans la Vienne, à qui nous allons rendre hommage. 
Il s'agit de Maurice Bouignol, jeune intellectuel, fils d'un ancien principal de collège à Loudun. Il suit des études littéraires à l'École Normale qui le conduisent à l'Agrégation de Lettres obtenue en 1914. 
Tout au long de ses études il se plaît à écrire des poèmes et est plusieurs fois récompensé pour son talent, notamment par l'Académie des Jeux Floraux du Languedoc. 
Tout juste diplômé, à l'âge de 23 ans, il part sur le front en 1914. Sous-lieutenant, puis officier dans l'infanterie, il participe à plusieurs grandes batailles qui lui valent quatre citations pour son courage sans limite. C'est seulement à la fin de la guerre qu'il est tué d'une balle en plein front le 26 avril 1918. 
Ce normalien, remarqué pour son talent poétique meurt à 27 ans. Fortement imprégné d'esprit patriotique, c'est pour la France qu'il meurt, comme il le dit lui-même avec force dans le poème que nous allons entendre. 
Ce poème reçoit en février 17 la mention 'Honorable' des Jeux Floraux du Lanqguedoc. 
Alors tout naturellement c'est une jeune du Lycée Guy Chauvet de Loudun, Océane Ould Alada, en classe de 1ère, qui va nous le lire, hommage rendu à l'un des siens.
Présentation : Sophie Hasquenoph
Pour la France 
  
Quand le petit soldat dut partir pour la guerre, 
Sa mère tout en pleurs l’embrassa tendrement, 
Son pauvre cœur saigna, mais lui, l’âme très fière, 
Ne pensant qu’au devoir, se dressa crânement. 
Le plus beau sacrifice engendre l’espérance 
Dit-il, ne pleure pas, maman, c’est pour la France. 
 
La lutte est acharnée et, depuis le matin, 
On dispute l’honneur d’un combat incertain, 
Il faut porter un ordre et montrer sa vaillance. 
Un blessé se présente assumant ce devoir. 
Oh ! c’est fou, lui dit-on, vous serez mort ce soir! 
J’irai, mon général, puisque c’est pour la France! 
 
Et le soldat partit. L’ordre ainsi parvenu 
Décida du combat le succès continu. 
Mais le brave est tombé, dominant sa souffrance, 
Dans un sublime effort il baisa le drapeau, 
Le corps ensanglanté, le frisson sous la peau, 
Il expira, disant : mon Dieu, c’est pour la France!
Ravivage de la Flamme à l'Arc de Triomphe
Liens
Jean Allard-Méeus    
Maurice Bouignol    
Loudun L'Actualité N° 37 - Décembre 2018