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Cérémonie du 11 Novembre 2019

Cérémonie du 11 Novembre 2019

 

dévoilement des noms de

 

PAIRAULT Emmanuel et RANNOU Benoni

 

sur le Monument aux Morts

Briais Sueur Sergent 11 11 2019
 
C’était un soldat, un soldat comme tous les autres, un « poilu » ordinaire, habitué depuis 14 mois à vivre dans l’enfer des tranchées : la boue, le froid, les poux, les rats, la crasse, la peur… 14 mois à côtoyer la mort, les charniers, les corps déchiquetés, l’horreur à son paroxysme……Comme tous les autres soldats de cette foutue guerre ! 
Et celui-là, comme plus d’un million d’autres, n’a jamais revu sa terre natale !…..Mais sa mort à lui, ne s’est pas passée tout à fait comme celle des autres… Contrairement à ses camarades tombés au combat, son nom ne fut inscrit sur aucun monument, sur aucune stèle ou plaque commémorative… Car ce gars-là, avec plusieurs centaines de poilus comme lui, fait partie de ceux que l’histoire a appelé les « fusillés pour l’exemple… », des morts victimes des balles françaises, des morts maudits, effacés des mémoires, doublement morts !  
Emmanuel Pairault (puisque c’est de lui qu’il s’agit) a vu le jour à Loudun le 17 février 1892, dernier né d’une famille de cinq enfants (quatre garçons et une fille). A la sortie de l’école primaire, il apprend, à Tours, le métier de serrurier ; profession qu’il vient ensuite exercer à Loudun. Appelé sous les drapeaux en 1912, pour un service de deux ans, il est affecté au 6e régiment du Génie à Angers. 
Lorsque la guerre éclate, il est encore sous les drapeaux et c’est, presque aussitôt, le départ pour le front : l’Argonne, la Belgique, la Champagne… Au mois de décembre 1914, dans la Marne, le sapeur Emmanuel Pairault se porte volontaire pour une mission très risquée : aller, de nuit, faire sauter les barbelés allemands afin de faciliter l’attaque du lendemain ! 
Au printemps 1915 il gagne Toul puis Amiens, puis le Pas de Calais et plus précisément Anzin où son régiment est caserné. Pendant ces longs mois de campagne, le sapeur Emmanuel Pairault a toujours fait preuve d’un comportement exemplaire. 
En février 1915, il a perdu son frère Marcel, tué près d’Ypres en Belgique. 
Et puis arrive le 25 septembre1915 : ce jour-là, une attaque française est programmée au lieu-dit le Labyrinthe sur la commune d’Ecurie. La section d’Emmanuel est placée sous le commandement du lieutenant de Pierrefeu, un polytechnicien de 24 ans. Au moment de l’assaut, prévu à midi et demie précise, une pluie d’obus allemands s’abat sur les tranchées françaises. Un de ces obus explose près de Pairault qui se retrouve à demi recouvert de terre, blessé au genou et fortement commotionné. Quand, un moment plus tard, il reprend ses esprits, ses camarades ne sont plus là…  
Il se retrouve seul, désemparé…et rejoint comme il peut son cantonnement, en errant pendant deux jours dans le dédale inextricable des tranchées et des boyaux. 
Dès qu’il arrive à Anzin, son supérieur, le lieutenant de Pierrefeu, décide de le faire comparaitre devant un Conseil de guerre pour abandon de poste en présence de l’ennemi, faute passible de la peine de mort ; une décision qui scandalise ses camarades et même certains officiers. Mais la justice militaire est en marche et rien ne peut l’arrêter ; le procès a lieu le 8 octobre dans l’après-midi : aucun des témoins convoqués ne confirme la thèse d’abandon de poste. Seul le lieutenant de Pierrefeu maintient son accusation, sans aucune preuve de ce qu’il avance…Le lendemain matin, 9 octobre 1915, près de Duisans, à 6 km d’Arras, le sapeur Emmanuel Pairault est fusillé  et son corps enterré à la hâte dans un pré voisin, non loin d’un moulin.
Extraits des lettres écrites par les camarades de guerre d’Emmanuel Pairault 
  
René Charroux (témoin au procès)  
3 décembre 1915 
Lettre envoyée à la sœur d’E. Pairault lui annonçant le décès d’Emmanuel 
 
« …il me dit être blessé au genou. Je regarde. C’est bien vrai, il avait une petite déchirure mais malheureusement notre salaud de major ne le reconnait pas, ce qui l’a tué… 
 
Il existe deux grands lâches sur la mort d’Emmanuel, le lieutenant et le major ; mais surtout ne dites rien car le même sort nous attend tous si l’on dit un mot. C’est triste mais c’est comme ça. Nous devons nous occuper de lui payer une couronne… » 
 
Raymond Geoffrois 
21 juin 1916 
 
« Maintenant, je puis vous donner quelques renseignements que j’aimerais vous dire de vive voix. Il est mort vous savez déjà comment mais il ne l’a pas mérité ou, s’il l’a mérité, nous le méritons tous. Pendant un terrible bombardement nous nous sommes retrouvés dispersés par les obus tous à moitié fous et il s’est perdu dans les boyaux …Mais, croyez-moi bien, ceci arrive à tout le monde mais ce qui aurait dû être une toute petite punition lui a coûté cher, personne n’y a jamais rien compris mais moi j’ai compris et je puis vous dire que c’est une simple question de rancune de la part de quelqu’un que je ne vous nommerai pas, à quoi bon … 
Avant qu’il meure il m’a simplement embrassé en me recommandant de ne pas le dire à sa mère. 
Il est bien mort innocemment le malheureux.  
Je vais maintenant vous dire où il est enterré : c’est à Agnez-les-Duisans près d’Arras tout près du moulin, dans un grand pré qui est là. Je lui ai mis une croix et une petite couronne. J’y ai gravé son nom. 
 
Lucien Dumonti 
18 octobre 1919 
 
« Emmanuel Pairault, qui était aimé de tous ses camarades, était détesté par le chef de la compagnie, l’aspirant officier de Pierrefeu. Aussi, avec la loi martiale de l’époque, son affaire fut vite réglée… 
Je possède des preuves de l’assassinat mais ne puis m’en dessaisir…. » 
 
Mazouer 
Sans date 
 
« Je puis assurer qu’Emmanuel Pairault, sapeur au 6e génie, classe 12, a toujours été un très bon camarade autant qu’un bon soldat… 
 Dix fois, vingt fois il fit bravement son devoir en héros modeste sans en tirer honneur…Il fut lâchement fusillé en octobre 1915. »
Mme Paccale SUEUR, Metteuse en scène
 
Monsieur le Maire, 
Mesdames et Messieurs les élus, 
Mesdames et Messieurs les représentants d’associations, 
Mesdames et Messieurs, 
Emmanuel Pairault, fusillé pour l’exemple le 9 octobre 1915, victime de la haine de son supérieur et de la cruauté du conseil de guerre est aujourd’hui honoré en sa ville natale avec l’inscription de son nom sur le monument aux morts de Loudun. C’est pleine justice car il était innocent. 
La Ligue des droits de l’Homme, l’Association républicaine des anciens combattants et la Libre Pensée sont reconnaissantes envers la municipalité de Loudun d’avoir pris la bonne décision qui est une manière de réhabiliter le sapeur-mineur infortuné, soldat courageux et brave, homme de caractère, victime d’une guerre maudite qualifiée depuis de « boucherie ». 
Le temps historique permet de retrouver un climat apaisé. Et il est bien que la mémoire locale conforte la mémoire familiale pour fixer une fois pour toute dans l’Histoire la place que les poilus malheureux méritent. 
Emmanuel Pairault a été déposé dans la nécropole nationale « La Targette » à Neuville-Saint Vaast dans ce Pas-de-Calais où il a combattu en homme et en soldat. Emmanuel n’avait pas cessé d’être homme tout en étant soldat ; et c’est sans doute ce qui lui fut reproché. Aujourd’hui, son nom rejoint celui de son frère Marcel sur la stèle des glorieux morts pour la France. Le combat mené par la famille dès la fin de la Grande Guerre n’a pas été vain. 
Je vous remercie. 

M. Philippe PINEAU  - Président de la section de Châtellerault de la LDH, pour LDH, ARAC, LP
 
Le 20 septembre 1914, le 68° Régiment d'Infanterie auquel appartient le soldat Rannou Benoni fut à plusieurs reprises pris sous les feux d'artillerie et d'Infanterie de l'ennemi. 
A la fin de la journée, les régiments des différentes unités ont gagné seulement 200 m. 
Le soir, les différents bataillons couchent encore sur leurs positions.  
La 2° Compagnie dont fait partie Rannou Benoni est envoyée au cantonnement de Thuizy sous les tirs de l'artillerie allemande.  
On déplore encore de nombreuses victimes. Parmi celles-ci : le soldat Rannou, décédé à 22h30. 
Les pertes de la journée s'élèvent à 39 tués et 142 blessés. 
Cité à l'ordre de son régiment : 'RANNOU Benoni, matricule 4620 soldat : mortellement frappé dans l'exécution d'une mission périlleuse, le 20 septembre 1914, devant Courmelois, assurant, par son sang répandu, notre victoire'
A titre posthume, Rannou Benoni, mort pour la France, a reçu la médaille militaire et la croix de guerre. Ces décorations ont été remises à Mme Rannou, sa mère, demeurant à Loudun, aux Grandes-Caves. 
Il repose à la Nécropole Nationale de Sillery département de la Marne.
M. Jacques SERGENT - Président du comité de Loudun du Souvenir Français
 
NR 2019 11 13 6 Un 11 novembre riche en emotions
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Au Monument aux Morts
Diaporama de la cérémonie
Photographies :  Mme DUBOIS - Mme MARCHÉ