Les Alsaciens-Lorrains Reconnaissants

Dépôt de gerbe, Le 3 décembre 1944 à l'occasion du départ des réfugiés Lorrains
Photo Pierre Decosse
Cette plaque a été offerte le 5 décembre 1944 par M. Speck maire d'Audun-le-Tiche

Discours de M. Jean Mannet maire de Loudun

Chers Compatriotes Lorrains,

Nous avons le regret de ne pas voir parmi nous, Monsieur le Sous-Préfet Wiltzer, retenu à Chatellerault pour une manifestation. Il n'a pu être des nôtres ce matin. Connaissant les sentiments de notre Sous-Préfet, je suis certain qu'en sa qualité de Lorrain il aurait plus que tout autre désiré être ici aujourd'hui.

Je conçois votre joie au moment ou vous avez appris la libération de Metz et de votre petite Partie la Lorraine qui retourne ainsi dans le giron de notre grande Patrie, la France.

Pendant quatre ans l'attitude de notre gouvernement a pu vous faire croire que jamais plus la Lorraine ne redeviendrait Française ; notre gouvernement d'alors n'a jamais représenté la France, car les Français eux, n'ont jamais désespéré. Leur espoir était même si grand, qu'ils avaient fit de la Lorraine un symbole : la Résistance ayant travaillé à la libération de la France sous le signe de la croix de Lorraine.

Au moment où, votre Pays libéré, vous envisagez d'y retourner, vous avez eu la délicate pensée d'organiser cette cérémonie à notre monument aux Morts de la Guerre 14-18.

Nous vous en remercions vivement. Vous nous montrez ainsi que vous reconnaissez que ceux qui sont tombés dans la première Grande Guerre, sont morts pour que votre Lorraine soit libre.

j'espère qu'en rentrant chez vous, vous aurez la chance de retrouver pas mal des choses que vous avez laissées, de toutes ces petites choses, parfois sans valeur pour les autres, mais qui pour chacun de nous sont des souvenirs.

Vous allez retrouver votre Pays natal, celui où vos ancêtres ont vécu, où vous avez passé votre enfance, où chaque coin de terre, chaque arbre, chaque pierre, vous rappellent quelque chose.

Ce Pays auquel vous n'avez cessé de penser depuis quatre ans, vous allez enfin le revoir.

J'espère que vous emporterez de Loudun et de sa région un bon souvenir, je suis

persuadé que les relations que certains ont noué ici ne seront pas sans lendemain, et que non seulement des échanges épistolaires auront lieu, mais que certains d'entre vous vont laisser en Loudunais de bons amis qu'ils seront heureux de revenir voir un jour.

Je vous convie d'observer devant notre Monument aux Morts, une minute de silence à la mémoire des Morts de 14-18 à ceux de cette guerre, à tous les fusillés, à tous les martyrs de la sauvagerie Teutonne.

M. Jean Mannet maire de Loudun

 

Discours de M. Speck maire d'Audun-le-Tiche

M. le Sous-Préfet

M. le Maire de Loudun

Mesdames, Messieurs,

Mes Chers Compatriotes.

Ce monument érigé aux glorieux enfants de Loudun qui ont versé leur sang pour la Patrie, et devant lequel nous nous inclinons respectueusement est en même temps un sanctuaire du souvenir loudunais pour chacun de ses soldats morts au champ d'honneur et un emblème de la reconnaissance de la France envers tous ceux qui contribuèrent à la sauver au prix de leur sang.

Dans cette glorieuse journée où nous célébrons la libération de notre chère ville de Metz, nos coeurs débordent de reconnaissance envers ceux qui s'inspirant de l'exemple de leurs aînés, dont les noms figurent sur ce monument, ont repris l'oeuvre de libération française devenue de nouveau nécessaire après cinq années de cruelle oppression.

Nous avons voulu que ces sentiments de reconnaissance fussent gravés à jamais sur la pierre, et nous remercions la noble cité de Loudun d'avoir bien voulu accueillir sur le monument de ses souvenirs de guerre, ce mémorial de notre reconnaissance française comme il y a cinq ans, elle accueillit dans sa ville avec tant de générosité la grande misère de nos populations frontalières que la France recommandait à son esprit de solidarité.

Bientôt nous allons quitter notre ville d'accueil pour rejoindre nos foyers libérés et notre Lorraine redevenue Française.

Cette plaque apposée à ce monument rappellera à tous ceux qui visiteront la bonne ville de Loudun, que cette cité fut grande et noble, non pas seulement par l'héroïsme de ses soldats qui moururent pour la France, mais aussi par la générosité qu'elle manifeste envers des Français qui ayant dû quitter leur cher Lorraine, ont trouvé ici des esprits pour comprendre leur misère et des coeurs pour les soulager.

Elle dira à nos enfants de Lorraine, que les hasards des déplacements ou des liens d'amitié réuniront un jour dans cette noble cité, que leurs parents ont laissé ici une partie de leur coeur et l'expression de leur reconnaissance débordante au grand jour qui fut pour eux, le 3 décembre 1944, où fut célébré ici la libération de Metz et de la chère Lorraine.

Vive la France !

Vive la noble ville de Loudun !

Vive la ville de Metz libérée !

 

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