Et l'oiseau bleu est venu ! Enfin ! Le 25 mai 1916, un bataillon de jeunes soldats de la classe 1917 arrive dans notre ville. Il s'agit de 1340 hommes appartenant au 77e régiment d'infanterie de Cholet et au 135e régiment d'infanterie d'Angers. Loudun devient alors une ville de garnison. Notre cité ne possédant pas de caserne, il faut trouver vingt-cinq cantonnements compris dans deux endroits, le secteur nord et le secteur sud. A l'extrémité du secteur nord, près de la gare, le dépôt d'approvisionnement est établi dans l'ancienne laiterie. Avenue de la Gare, la maison Baudouin est aménagée pour 100 hommes. Un autre cantonnement important de ce secteur nord est la maison Malécot, rue Porte-SaintNicolas : une entrée principale, face à l'accès de l'école privée de Chavagnes et une autre, rue des Capucins. Par contre, la maison Chatelain, place Porte Saint-Nicolas, accueille un petit nombre de militaires. Au secteur sud, la maison Ricordeau constitue un cantonnement peuplé, mais le principal se trouve dans les grands bâtiments de la Passementerie, rue du Patois, qui peuvent donner l'hospitalité à une compagnie entière, soit 230 soldats. C'est dans ce secteur, rue des Naveaux, chez M. Dupont, que le bureau du commandant, M. de la Valette, est installé tandis que le service de l'infirmerie est affecté à la maison Moreau de la Ronde, rue du Relandais. Un champ de tirs pour fusils et mitrailleuses est implanté dans la plaine des Vaux, avec d'un côté, la route de Curçay aux Trois-Moutiers pour limite et, de l'autre côté, le bois de Fête. Mais c'est à la Butte de Véniers, à Bellevue "Champ de la Croix" qu'auront lieu les exercices des bombardiers. Dès 9 heures, un défilé inaccoutumé de personnes de tous âges, de toutes conditions se dirige vers la gare pour voir les nouveaux arrivants. A 10 heures, le train arrive. Aussitôt, les soldats du 135e régiment d'Angers défilent, fusil à l'épaule, quatre de front, encadrés par leurs officiers et sous-officiers. Ils ne sont seulement que 350 : une épidémie de scarlatine a retenu les autres à Angers pour quelques jours. Place PorteSaint-Nicolas, sous les grands arbres, la troupe est passée en revue, puis, par la rue des Capucins, les soldats regagnent leur cantonnement, situé dans la maison Malécot. A midi, arrivent 700 hommes du 77e régiment de Cholet, sourire aux lèvres, armés de la musette et du fusil. Ces bleuets de Vendée sont reçus par une foule énorme, par des vivats enthousiastes : " Les voilà ! Vive l'armée française ! Vive la jeune classe !" Tous les enfants de Loudun se sont donné rendez-vous pour courir après leurs nouveaux amis et marcher au pas comme eux.