Aujourd'hui, nous rendons tout particulièrement hommage à Emilien Véniers. Celui-ci est mort au camp de concentration de Lublin-Majdaneck dans l'indifférence la plus totale, malade, faible, anéanti par le régime nazi et les mauvais traitements.
Essayons de comprendre le destin de cet homme. Aucune mention de sa mort n'est inscrite en marge de son état civil à Ouzilly-Vignolles, commune qui l'a vu naître en 1922.
Son nom ne figure pas davantage sur le monument aux morts de son village ni sur celui de Loudun
Depuis 1938, Emilien Véniers travaille à la ferme Criton, à Niré-le- Dolent. Il part pour l'Allemagne, le mardi 15 juin 1943, avec ses camarades loudunais de la classe 42, tous requis pour le Service du Travail Obligatoire dont M. André Thaudière présent ce matin parmi nous.
En avril 2016, Monsieur Christophe Woehrle, universitaire allemand, rencontre dans le cadre de ses recherches sur les prisonniers de guerre, M. André Thaudière qui lui demande alors de retrouver la trace de son camarade. M. Woehrle, lui promet, qu'il fera tout son possible pour réparer cet oubli.
Durant le trajet qui les menait jusqu'à Paris, M. Thaudière se souvient que le convoi s'est immobilisé plusieurs fois car certaines personnes ont tiré le signal d'alarme. En arrivant à Paris, plusieurs centaines de soldats allemands armés de fusils et de mitraillettes entourent le train. Un officier choisit 29 otages. Emilien Véniers fut l'un d'entre eux.
Le 27 juin 1943, il est interné avec un millier d'autres au camp de Buchenwald. A partir du 11 juillet 1943 il est conduit au camp de concentration de Ravensbrück, au commando de travail de Karlshagen.
Après le bombardement de l’usine de V2 de Karlshagen et la destruction totale des installations, l'un des 29 otages, Paul Bolteau, raconte qu'il est retourné avec Emilien Véniers au camp de Buchenwald.
A nouveau leur destin sera commun, car ils sont tous deux transférés le 14 octobre 1943 vers le camp de concentration de Dora, annexe du camp de Buchenwald.
Dora, où les brutalités sur les prisonniers, les exécutions des saboteurs, réels ou présumés, et l'assassinat des détenus, les politiques en particulier sont chose courante dans la phase finale. Certains sont abattus froidement ou battus à mort, d'autres enfin meurent de maladie ou de malnutrition.
Finalement Emilien Véniers quitte Paul Bolteau le 15 janvier 1944 pour être transféré, malade, vers le camp de concentration de Lublin-Majdanek qui est situé en Pologne au sud-est de Varsovie. Comme Auschwitz, il s'agit d'un camp d'extermination. Des convois de déportés malades venant de Buchenwald, Dora, Ravensbrück sont envoyés début 1944 à Lublin et subissent des "sélections" allant jusqu'à 100% d'exterminations.
Le 24 juillet 1944, à une heures non précisée, Emilien Véniers décède au camp de Lublin-Majdaneke.
Le 20 février 2017, à la demande de M. Woehrle, l'Office Nationale des Anciens Combattants lui attribue la mention "Mort pour la France" soit près de 73 ans après sa mort.
Pourquoi avoir attendu tant d'années?
La raison est la suivante :
En 1947, M. Criton, son employeur a mentionné sur une attestation, le 15 juin 1942, comme date de son départ pour l'Allemagne, au lieu du 15 juin 1943.
Pour les autorités militaires, Emilien Véniers fut donc considéré comme volontaire et non comme requis.
Après l'office religieux nous dévoilerons au monument aux morts de Loudun, la plaque de la stèle S.T.O, où son nom en lettres d'or vient d'être ajouté.
Je vous remercie