LAMBERT Maurice

LAMBERT Maurice Abel 
Loudun 22 février 1916 - Paris 29 août 1942 
En cette journée de deuil national, Loudun avait le douloureux honneur d'accueillir un de ses fils, décédé à Paris des suites de maladie contractée en captivité, M. Maurice Lambert, dont les parents habitent Niorteau, près de Loudun.
Loudun accueille un de ses Enfants Morts pour la France
A 11 heures, les Prisonniers, Anciens Combattants des 2 guerres, S.T.O. et Réfractaires se rassemblent à l'Hôtel de Ville. Sur le parvis, M. Godrie, maire entouré de Mme Douteau, député de la Vienne, et de son Conseil Municipal attendent l'arrivée du corps qui n'a lieu qu'à midi. 
En bordure des trottoirs, les prisonniers de la section forment une haie d'honneur. Voici le convoi funèbre ; dans la première voiture mise spontanément à la disposition du Comité par M. Raymond Besnard, et sur laquelle flotte le drapeau de la section de Loudun, cravaté de deuil, ont pris place les membres de la délégation chargés d'accueillir le corps ; elle est conduite par M. Clément Morin, président de l'Amicale des Prisonniers. Du camion militaire, les soldats descendent le cercueil. Passant sous la haie des drapeaux des Combattants et Sociétés Locales qui s'inclinent et devant les gendarmes qui rendent les honneurs militaires, le cercueil est placé dans la chapelle ardente. 
 La veillée funèbre s'organise, les anciens prisonniers, tour à tour, montent une garde d' honneur jusqu'à la levée du corps.
Le Défilé 
Les Loudunais sont nombreux, très nombreux même, pour rendre un dernier hommage à leur compatriote ; mais leur sympathie va plus loin encore et associe à ce cercueil la mémoire de toutes les victimes de la guerre, tombées pour la libération de notre sol ou victimes de la barbarie nazie. 
M. l'Archiprêtre, entouré de M. l'Abbé Mulon, membre du bureau des ex-P.G de Loudun, curé du Martray, et de M. l'Abbé Audebert, procèdent à la levée du corps. Derrière le clergé, les porteurs de gerbes précèdent le char funèbre, recouvert du drap tricolore. MM. Jean Ferdinant, Gourault Lucien, Poisson René et Thibault Paul, camarades du défunt au stalag XVII B, tiennent les cordons du poële. De chaque côté du corbillard les anciens prisonniers font une double haie d'honneur. Deux camarades de Stalag de M. Lambert, MM. Pierre Suire et Deméocq, de Mirebeau, avaient tenu à lui rendre un dernier et suprême hommage. Précédant la famille, voici le drapeau des Prisonniers, puis ceux des Sociétés d' Anciens Combattants, S.T.O., Réfractaires, Maquisards et d'autres Sociétés Locales ainsi que le fanion de la Croix-Rouge Française. Viennent ensuite les autorités conduites par M. Godrie, maire de Loudun, entouré de Mme Douteau, députée de la Vienne, et des Membres du Conseil Municipal, les membres des Sociétés d'Anciens Combattants et Victimes des 2 guerres et la foule émue.
Au Cimetière
La clique des pompiers exécute la sonnerie "Aux Morts", puis M. Clément Morin, au nom de ses camarades prisonniers, adresse en termes émus et délicats, un dernier adieu à Maurice Lambert, que nous sommes heureux de pouvoir reproduire. 
La foule défile alors devant le cercueil puis le cortège se reforme et fait un arrêt au Monument aux Morts où des gerbes sont déposées. Après une minute de silence, la foule s'écoule lentement. Cette cérémonie clôture cette journée de souvenir et de recueillement. 
Discours de M. Morin 
Il y a 2 ans, les troupes alliées avec les forces combattantes françaises nous ouvraient toutes grandes les portes des camps. Nous devenions alors prisonniers libérés, déportés, S.T.O., les seuls bénéficiant d'un élan d'amour spontané de la Patrie, d'un peuple désormais indompté. Mais, notre joie du retour était incomplète car il restait hélas, beaucoup trop des nôtres ensevelis en terre étrangère, loin de leur sol natal. 
Depuis 2 ans, nous n'avons cessé de réclamer que ceux de nos frères de misère endormis loin des leurs, puissent reposer dans la terre qui les vit naître. 
La Fédération Nationale des Prisonniers de Guerre n'a cessé de le revendiquer. Aujourd'hui le Gouvernement de la République, compatissant au désir légitime de toute la nation, a voulu associer dans un même hommage ces héros obscurs et a institué en ce 27 juillet un jour de deuil national. 
Agissant en qualité de président de la section de Loudun, un devoir m'échoua, celui d'accueillir la dépouille mortelle d'un de mes camarades d'enfance et d'école : Maurice Lambert, mort des suites de captivité. 
Mon cher camarade, ta modestie bien connue n'en demandait pas tant. Tu étais trop effacé pour penser qu'un jour tu aurais droit à ce faste, mais tu es devenu plus que tu ne pensais un symbole. En te recevant, tes camarades non seulement t'honorent, mais en toi, honorent et saluent ceux surtout qui ne reviendront jamais. Nous honorons, ceux qui, comme toi, n'ont connu que la défaite, mais qui n'ont jamais désespéré dans la destinée de la France et qui, bien que se demandant ce que serait le lendemain, n'ont jamais admis qu'une bataille perdue était une défaite totale, et comprenaient avec grandeur que la captivité si dure soit-elle n'était que la continuation du combat : tous ces héros qu'ils soient des camps de tortures ou de prisonniers avaient au coeur la grandeur de la Patrie. 
Vous avez transmis après ceux de 14-18, un flambeau qui ne doit pas s'éteindre : celui de la droiture et de l'honneur dans le service de la Patrie. Nous vous jurons, grands morts, de ne jamais l'oublier, vous avez comme nous, rêvé d'une France forte, unie et grande. La mort vous a épargné cette déception qu'ont eue vos frères à leur retour devant les passions partisanes et le peu d'amour-propre dont certains ténors de l'heure, ont fait preuve, croyant peut-être votre leçon éteinte.Mais en ce jour où tout nous ramène vers votre souvenir douloureux, votre grande voix forte dans votre cohésion anonyme, brisant le silence sépulcral dit à ces faux patriotes, qui n'ont pensé servir la France que quelques heures avant sa délivrance alors qu'ils s'étaient enrichis, sans scrupules avec l'occupant : "Lorsqu'on a un tel passé derrière soi, on a la pudeur de se taire et de garder son orgueil pour soi, le courage de se terrer dans l'ombre pour ne jamais reparaître".Votre sublime leçon rappelle que si vous fûtes combattants sans gloire, vous avez toujours conservé très haut votre honneur, n'ayant d'autres consolations en fermant vos paupières que la douce satisfaction du sentiment du devoir accompli.
La Voix du Loudunais du Samedi 2 Août 1947
LAMBERT Maurice - Acte de décès - Mairie de Loudun
Il repose au Cimetière de Loudun
Archives Municipales - Loudun
Acte de naissance
Mémoire des Hommes - SGA
Mémorial Genweb MGW
Loudun - Stèle guerre 39-45