Extrait de la lettre de Germaine Chauvineau son épouse, écrite après la fin de la guerre à une nièce, le général Chauvineau est à Paris avec son fils Maurice qui poursuit ses études.
“A Pâques, nous sommes parties presque ensemble pour Paris, confiantes en l’avenir, mais la nuit du 16 au 17 mai 40, (Je m’en souviendrai toute ma vie) les choses se gâtaient brusquement et nos maris nous renvoyaient à Baugé, ainsi que Maurice dès le matin suivant. Bientôt toutes communications furent coupées entre Paris et nous : plus de conseils, plus de directives. La panique gagnait autour de nous et tous ceux qui avaient des voitures s’enfuyaient.
/…/ en deux jours Maurice, qui tenait le volant nous a conduits jusqu’à St Girons, où réside une de mes meilleures amies, que tu connais. Dans cette atmosphère sympathique, nous nous sommes senties revivre. Une lettre de moi, lancée dans le bleu a atteint votre oncle Louis (le général Chauvineau) replié en Dordogne. Il est venu nous prendre avec l’intention de nous ramener au plus vite à Baugé car il redoutait le pillage de la maison.
Mais nous fumes arrêtés au retour et nous dûmes demander asile pendant trois semaines à une nièce de mon mari qui a une fort jolie propriété à 7 kms de Bourganeuf. Au fond du parc, l’horizon semblait borné par une magnifique tapisserie des Flandres. Nous ne nous lassions pas le soir d’admirer ce paysage. Enfin nous revînmes à St Nicolas à peu près remis en état par les soins des neveux rentrés avant nous, car eux aussi étaient partis - mais bien des choses avaient été volées, entre autres les décorations de votre oncle qu’il m’était si facile d’emporter – Yvonne avait revu Marc en Dordogne pendant notre voyage de retour, mais nous ne savions pas ce qu’était devenu Robert et nous nous tourmentions. Une lettre de lui nous l’apprenait bientôt : chargé de mission le jour même où son armée avait été raflée (en Alsace), il n’avait pas été fait prisonnier et avait échoué à Montpellier. Il revenait bientôt à St Nicolas..”